Changer le monde ?
J’ai regardé l’autre soir l’interview d’une Chilienne, Inelia Benz, recommandée par une amie : elle trouve que c’est le témoignage le plus extraordinaire qu’elle ait jamais entendu. Je n’ai pas été aussi emballé qu’elle. On retombe sur le sujet du New Age.
Dans cette vidéo, Inelia dit qu’elle est venue sur la Terre avec une mission : élever le niveau vibratoire des gens et de la planète. Elle reçoit des missions d’aller à certains endroits pour rencontrer, ou simplement côtoyer, certaines personnes ; il lui arrive de parler avec ces personnes dans des langues qu’elle ne connaît pas sans s’en rendre compte. Ces rencontres produisent parfois des guérisons miraculeuses, aident des personnes qui sont dans des situations difficiles ou les libèrent de leurs problèmes et leur négativité.
Inelia prétend qu’elle fut envoyée sur la Terre par la Source, une demi-heure avant sa naissance, pour accomplir cette mission. Elle n’avait jamais vécu auparavant sur la Terre et n’avait donc pas de karma humain, mais était capable de se brancher sur la connaissance collective. Elle savait déjà parler couramment l’espagnol à neuf mois et manifestait de nombreux pouvoirs paranormaux dès son enfance.
Cette histoire me semble basée sur un certain nombre de croyances discutables :
1/ Nous avons une mission à accomplir sur cette Terre : cela satisfait et soutient notre ego, et renforce l’impression que nous sommes un être séparé et spécial.
2/ Dieu a mal fait son travail : les choses ne sont pas comme elles devraient être sur cette planète. Il y a un petit nombre de personnes puissantes, dominées par les forces du mal, qui dirigent le monde et abusent des êtres humains ; nous sommes donc des victimes, pas responsables de ce qui nous arrive.
3/ Il y a aussi un Super-Dieu – la Source – qui désire remédier à cet état de choses ; comme il ne semble pas capable le faire tout seul (dommage pour un Super-Dieu !), il envoie des êtres en mission sur la Terre (des millions, dit-elle, donc elle n’est pas si spéciale que ça !) pour rectifier le mauvais travail de Dieu, et créer enfin le monde parfait qui semble exister partout dans l’univers sauf sur la Terre : un monde où il n’y aura plus de souffrance, plus de maladies, plus de conflits, plus de guerres, plus de crises économiques, plus de vieillesse, plus de mort… enfin, plus rien de désagréable.
Je pense que le monde tel qu’il existe sur cette Terre n’est qu’un reflet des êtres qui l’habitent, mus par le désir, l’attachement, la peur et l’aversion. C’est la nature humaine et la nature du monde conditionné : la réalité dans laquelle nous vivons, que nous l’aimions ou non.
Bien sûr, chacun de nous peut travailler sur soi, gérer ses émotions négatives et élever son niveau de conscience ; et avoir ainsi une influence positive sur sa vie, ses proches, son environnement et la planète. C’est ce que font des millions de gens quotidiennement ; c’est ce que font les maîtres spirituels et ceux qui suivent une voie de développement personnel, chacun à son niveau. Mais il n’y a pas lieu pour autant de se prendre pour un sauveur ; ni d’attendre un miracle ou de croire que nous allons changer le monde et la réalité. La seule chose que nous sommes capable de changer, c’est notre propre perception de la réalité.
Chacun doit trouver son propre paradis, sa joie et sa paix intérieures. Il ne s’agit pas de créer un monde parfait pour les autres, mais de les aider à trouver leurs propres joie et paix intérieures. Pour cela, il ne faut pas changer le monde, car il ne sera jamais parfait et ne conviendra jamais à tout le monde. Il faut être capable d’accepter le monde et les circonstances de notre vie, d’accepter les choses telles qu’elles sont ; d’accepter la réalité plutôt que de vouloir créer une nouvelle réalité utopique qui corresponde à nos préférences. Tant que nous avons des préférences et considérons que le monde n’est pas comme il devrait être, nous avons une perception négative de la réalité et vivons dans un bas niveau de conscience. Nous sommes alors bien peu capables d’élever celui des autres…
15 avril 2012, Chiang Mai