Saine folie
J’ai relu hier après-midi une nouvelle de Borges, L’immortel, la première du recueil l’Aleph. Elle fait allusion à Homère et est écrite dans un style épique qui imite de façon exagérée celui d’Homère. On se retrouve alors dans une réalité qui défie toute logique et toute préméditation. Une réalité qui est bien loin, la plupart du temps, de la réalité bien programmée de nos vies actuelles que nous prenons tellement au sérieux, une réalité que la plupart des gens considéreraient comme une sorte de folie. Une saine folie pourtant, qu’il faudrait adopter plus souvent dans des jours sans programme, et qui pourrait nous éviter de tomber sans nous en rendre compte dans la vraie folie, celle des victimes que nous devenons tous dans la société actuelle dominée par l’avidité et la peur, où la programmation, le contrôle omniprésent et l’assujettissement à un ordre policier sont présentés comme des moyens incontournables de nous garantir une sécurité illusoire et un confort matériel de plus en plus précaire.
17 novembre 2017, Chiang Mai